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L’auteur de bande-dessinée Bastien Vivès était invité par le Festival d’Angoulême cette année pour une exposition carte blanche « dans les yeux de Bastien Vivès ». Connu pour assumer ses nombreuses bandes dessinées pornographiques mettant en scène inceste, viol et pédophilie (« l’inceste, moi, ça m’excite à mort »), l’auteur est aussi connu pour ses interventions dans des médias d’extrême droite comme l’Incorrect, ou ses posts « subversifs » sur les réseaux sociaux, allant jusqu’au harcèlement et menaces pour l’autrice Emma.
Ces faits, connus et dénoncés depuis des années, montrent qu’une invitation « carte blanche » du Festival est un acte politique assumant un dédain pour toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles ainsi qu’une absence totale de compréhension des responsabilités qu’un festival renommé comme le leur à donner une plateforme dans un monde post #Metoo.
Sous la pression des autrices, des militant·es puis des médias, le festival annule l’exposition et sa venue sous prétexte que l’artiste aurait reçu des menaces physiques et qu’il faudrait le protéger.
L’influence de Bastien Vivès ne se limite pas au monde de la bande dessinée. Le monde du jeu vidéo doit souffrir de son influence. Il a publié une BD autour de ce thème. Il a même participé à la création d’un studio de jeu. Il a également été l’invité du Stunfest sur plusieurs éditions depuis une dizaine d’années, que ce soit pour des dédicaces, portraits ou participation à des présentations de jeux de combat. Il est cité dans des remerciements de jeux indépendants. Ses récentes réactions publiques sont soutenues par un parterre de fondateurs de studios de jeux vidéo, directeurs créatifs, journalistes JV, etc.
FAUX SUBVERSIFS et VRAIS MASCUS
Cette protection, l’impunité dont jouit l’auteur de bande dessinée n’est pas le fruit du hasard, ni un cas unique. D’autres auteurs dits subversifs (Matzneff, Polanski, etc.) ont bénéficié de la même complaisance. C’est avant tout un message politique de l’habituel entresoi bourgeois et masculiniste. Le scénariste de BD David Chauvel en parlait il y a quelques jours sur Facebook : « En cela, Vivès ne fait que s’inscrire dans une tradition bourgeoise qui a longtemps bénéficié, dans l’espace médiatique d’une impunité totale, quand ce n’était pas d’une franche sympathie. Les « confessions » de ces artistes étaient des « provocations », on voulait « choquer », les oeuvres étaient « en eaux troubles », « chargées de tension », « borderline », « déconcertantes » ou « interrogeaient la société » (qui a, depuis, répondu… Par la loi) ».
Il est plus que temps de dégager ces auteurs/prédateurs de nos festivals, de nos studios, de nos écoles.
Il est temps d’arrêter de les soutenir ou de leur tendre des micros ou des estrades.
En les mettant en lumière, ils nous mettent en danger.
Les violences sexistes et sexuelles pour les travailleur-euses du monde de la culture et du divertissement sont trop courantes, et donner une plateforme à un auteur aux propos et productions telle que celles de Bastien Vivès montre une nouvelle fois que la mise en sécurité des femmes et personnes minorisées n’est pas une priorité.
Nos syndicats réunis apportent leur soutien à toutes les personnes ayant pris la parole, et dénoncent qu’une nouvelle fois, les femmes soient celles qui aient pris les risques pour visibiliser leur message. Nous interpellons également les partenaires, entreprises publiques et institutions qui ont soutenu ce festival, demandons une prise de position et un engagement ferme à faire preuve d’une plus grande vigilance dans le futur sur leurs soutiens.