Nous sommes réuni·es aujourd’hui pour honorer la mémoire des douze vies fauchées lors de l’attentat contre Charlie Hebdo, il y a exactement 10 ans. Ces vies, celles de journalistes, de dessinateurs, de policiers et de citoyen·nes, ont été brutalement prises lors d’un acte barbare qui visait non seulement des individus, mais aussi une valeur fondamentale de notre démocratie : la liberté d’expression.
Nous pensons à Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Elsa Cayat, Bernard Maris, Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet, Mustapha Ourrad, Michel Renaud et Frédéric Boisseau. Ce jour-là, ce n’est pas seulement une rédaction qui a été attaquée. Ce fut une attaque contre la liberté de créer, de critiquer, de dénoncer et de caricaturer. Une attaque contre le droit des journalistes à exercer leur métier, librement et sans crainte.
Depuis ce tragique 7 janvier 2015, le combat pour protéger ces libertés reste plus crucial que jamais. Comme l’a rappelé le Syndicat National des Journalistes, les agressions contre la presse, qu’elles soient physiques ou juridiques, n’ont cessé de s’intensifier. Les menaces de mort, les violences policières contre les reporters, les lois répressives, comme celle sur le renseignement ou celle relative au secret des affaires, mettent à mal la capacité des journalistes à informer. Les employeurs du secteur des médias, abreuvés pour certains d’aides publiques, n’ont eu de cesse depuis 10 ans de réduire les effectifs, précariser, étouffer les rédactions, piétiner le Code du travail et remettre en cause les droits des salarié·es.
Pour l’Union syndicale Solidaires protéger la liberté d’expression, ce n’est pas seulement soutenir les journalistes ou les caricaturistes, c’est protéger le droit de chacun et chacune à s’informer, à penser librement et à débattre. C’est aussi défendre et se battre pour de bonnes conditions de travail et des salaires décents pour les journalistes, reporters, pigistes, caricaturistes, etc.
Aujourd’hui, le contexte politique et social exacerbe la défiance envers la presse. Les discours populistes et les attaques systématiques contre les médias nourrissent un « média-bashing » délétère. Pourtant, c’est dans ces moments de crise que la liberté de la presse doit être défendue avec la plus grande vigueur.
Nous devons toutes et tous, institutions, syndicats et journalistes, protéger ce bien commun qu’est la liberté d’expression. Cette liberté ne dispense personne d’une nécessaire rigueur et d’un professionnalisme à toute épreuve, mais elle est la condition sine qua non de la démocratie.
Rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo, c’est aussi s’engager à ne jamais céder face à la peur ou à la censure. C’est réaffirmer haut et fort que, malgré les obstacles, nous continuerons à défendre la liberté d’expression comme un bien commun.
Alors, ensemble, portons cette exigence de liberté.
Pour les victimes. Pour nous-mêmes. Pour les générations à venir.