François Bayrou vient d’être nommé Premier ministre. Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, les choix budgétaires ont toujours été les mêmes : ceux des baisses des prélèvements obligatoires favorisant les plus fortuné∙es et les grandes entreprises. Cette politique était soi-disant essentielle pour favoriser la compétitivité, la croissance et les emplois. Or, le bilan est tout autre. Ces choix budgétaires n’ont fait, année après année, que dégrader les comptes publics et vider les caisses de l’État : 62 milliards de recettes en moins selon la Cour des Comptes, sans pour autant sauver les emplois de l’industrie et du commerce. Sans oublier qu’ils ont aussi dégradé encore plus les services publics déjà mis à mal par les politiques libérales depuis des décennies et ainsi développé les inégalités et les injustices. C’est pourquoi nous sommes particulièrement inquiet·es de voir se poursuivre cette politique, massivement rejetée dans la population et dont les effets sont délétères, creusent les inégalités et renforcent le vote d’extrême droite.
L’Union syndicale Solidaires souhaite l’alerter sur les dossiers urgents qui doivent être une priorité de son nouveau gouvernement :
- La justice fiscale devra être au cœur du prochain budget : l’impôt sur le revenu doit être plus progressif, le plafonnement de l’impôt sur les sociétés remontés à 40%. Il faut un audit des niches fiscales et supprimer le crédit impôts-recherches et le prélèvement forfaitaire unique.
- Il faut stopper d’urgence les plans de licenciements qui se multiplient et adopter une loi spéciale obligeant les entreprises qui licencient à rembourser les aides publiques et interdisant les licenciements pour les entreprises qui font des bénéfices. Les salarié·es doivent pouvoir s’exprimer sur les restructurations à travers un droit de veto des CSE.
- L’ensemble des organisations syndicales continuent de réclamer l’abrogation de la réforme des retraites. Alors que la coalition autour du NFP est arrivée en tête après avoir fait campagne autour de ce thème, continuer à en faire une ligne rouge constitue un déni de démocratie.
- Il faut augmenter le SMIC, les salaires et les pensions et les indexer sur les prix.
- SUD Rail et la CGT Cheminots interpellent le premier ministre pour un moratoire sur la liquidation de fret SNCF. Il y a urgence. L’inaction climatique coûtera plus cher que d’investir dans la bifurcation écologique.
Il y a nécessité d’une planification pour transformer notre industrie et nos emplois. Alors que la reconversion écologique de la société pourrait détruire 500 000 emplois, un rapport estime qu’elle pourrait en créer 1,5 million, soit un solde net d'1 million d'emplois créés.
De ce point de vue, nous ne pouvons qu’être inquiet·es de la nomination d’un Haut-commissaire au plan qui n’aura pas planifié grand-chose durant son mandat.
Le choix de François Bayrou témoigne une nouvelle fois du mépris pour la démocratie du Président de la République. M. Bayrou a depuis longtemps donné des gages à l’extrême droite, puisqu’en 2022 il avait parrainé la candidature de Marine Le Pen à l’élection présidentielle.
La situation sociale et écologique du pays mérite mieux que les guerres de place et les jeux politiciens. L’urgence est à l’augmentation générale des salaires, à l’abrogation de la réforme des retraites largement dénoncée par la population, et au renforcement des services publics.
Faute de prise en compte de ces urgences, les mobilisations se poursuivront dans les prochaines semaines.