Une attaque contre les jeunes iraniennes
Depuis le 30 novembre 2022, plus de 5 000 jeunes iraniennes ont été victimes d'intoxications par des gaz toxiques répandus volontairement dans plus de 230 écoles primaires, collèges et lycées. Des centaines de ces jeunes ont été hospitalisées, parfois sous masque à oxygène. Ces cas d’empoisonnements se sont multipliés de façon inquiétante depuis le samedi 4 mars (en Iran, la semaine commence le samedi).
Malgré la censure, des vidéos circulent sur les réseaux sociaux, provoquant une vague de colère et d’indignation dans l'ensemble de l'Iran.
Dans un pays aussi étroitement quadrillé par les services de sécurité, le pouvoir connait nécessairement l'identité des organisateurs de ces attaques très orchestrées. Les soupçons se portent sur les milieux chiites extrémistes proches du pouvoir. De plus en plus de voix accusent tout ou partie du régime d’être le commanditaire de ces attaques.
Face au mutisme des autorités, des parents se sont réunis dans plusieurs villes devant les bâtiments officiels, et certains parents ont été arrêté.es. Un nouveau slogan est apparu dans la contestation anti-régime : les habitant·es crient depuis les toits et leurs fenêtres : « Mort à l’État tueur de filles ! ».
D'abord silencieux, le régime s'est senti obligé de diligenter des enquêtes. Selon les résultats d'examens toxicologiques fournis par le ministère de la Santé, une des substances toxiques utilisées serait composée de gaz N2, à base d'azote, utilisée dans l'industrie ou comme engrais agricole.
Depuis la mort de Jina Mahsa Amini, le 16 septembre dernier, les jeunes iraniennes scolarisées ont été en première ligne des manifestations contre le régime. Il semble évident que ces attaques ont pour but de les terroriser afin de contribuer à la répression du soulèvement.
Leurs commanditaires espèrent sans doute également pousser à ce que ces jeunes ne fréquentent plus les établissements scolaires. Si cet objectif était atteint, un pas serait alors franchi vers leur déscolarisation comme cela est la règle après l’âge de 12 ans en Afghanistan.
L'oppression des femmes est un des piliers du régime théocratique. Dans le monde entier, et notamment dans les manifestations 8 mars, le slogan « Femme, Vie, Liberté » est devenu un hymne international pour toutes les femmes victimes de l’oppression patriarcale.
Pour toutes ces raisons, l'Union syndicale Solidaires condamne fermement ces agressions sexistes.
Nous soutenons notamment :
- le droit essentiel des jeunes femmes à étudier,
- l’abrogation de la loi rendant obligatoire le port du hijab dans les lieux publics, ainsi que toutes les lois phallocratiques en vigueur.
Paris le 10 mars 2023