Il y a un an, la jeune Kurde iranienne Jina-Mahsa AMINI a été tuée par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés ». Les deux journalistes ayant révélé son arrestation sont aujourd’hui accusées d’« espionnage en relation avec une puissance étrangère » et risquent la peine de mort.
Sur la pierre tombale de Jina est écrit : "Bien aimée Jina, tu ne mourras pas ; ton nom sera un symbole". Et effectivement, ce féminicide d’Etat a suscité une colère qui s'est étendue au-delà de l'Iran. Une lame de fond a vu le jour dont « Femme, Vie, Liberté » est devenu le slogan.
Ce mouvement veut en finir avec toutes les oppressions, dont celle des femmes, des LGBTI, des minorités ethniques et religieuses, etc. Il inclut notamment l'exigence de libertés, des conditions de travail décentes, la fin des politiques écocides, de l’armement nucléaire, de la privatisation des espaces naturels, la chute de la dictature religieuse, le refus du retour de la monarchie.
Face à l'ampleur des mobilisations en Iran, plus de 22 000 personnes ont été arrêtées (dont deux syndicalistes français·es), au moins 537 manifestant.es ont été tué.es, dont 48 femmes et 68 enfants. Des centaines de travailleuses et travailleurs, sont détenu.es arbitrairement pour avoir fait grève. Au moins 309 personnes ont été exécutées. Il faut y ajouter l'usage de la torture, de nombreuses disparitions, ainsi que de suicides au sortir des détentions.
Le régime a récemment renforcé la répression contre les femmes refusant l’obligation du port du voile dans les lieux publics. Certaines sont condamnées à nettoyer des cadavres ou à suivre un traitement psychiatrique. Des commerces ont été fermés par le pouvoir pour ne pas avoir interdit l’entrée à des femmes non voilées.
Malgré cela, les mobilisations continuent, et la police des mœurs peine à mettre en oeuvre les mesures supplémentaires venant d'être édictées contre les femmes. Dans différentes villes d’Iran les milices basijis se mettent en retrait lors de certains rassemblements. Des vidéos circulent également sur les réseaux sociaux, où les basijis sont poursuivis par les manifestant·es et parfois agressés physiquement lors d’interpellations.
L’Union syndicale Solidaires réaffirme sa solidarité avec les iranien·nes en lutte. Elle soutient les mots d'ordre des manifestant·es et notamment :
- Le droit inconditionnel des femmes sur leur corps, dont celui de porter ou pas le voile ;
- L'abolition de toute discrimination envers les femmes, les LGBTIQ+, les minorités nationales et religieuses ;
- La libération immédiate et sans condition de tous/toutes les manifestant·es, militant·es syndicaux, associatifs et politiques ;
- L'abolition de la peine de mort ainsi que des tortures physiques et psychologiques ;
- La liberté d'expression, d'organisation, de manifestation et de grève, le démantèlement des organes de répression existants ;
- La garantie de l’emploi, la hausse immédiate des salaires et pensions, l'amélioration de la sécurité au travail, le droit à la négociation collective, l'interdiction du travail des enfants ;
- La confiscation des richesses injustement acquises et leur utilisation pour la satisfaction des besoins sociaux ;
- L'accès de tous et toutes à la sécurité sociale, à l'assurance chômage, à l’éducation et au système de santé.
"Bien aimée Jina, tu ne mourras pas ; ton nom sera un symbole"
Jin Jîyan Azadî ! Femme, Vie, Liberté !