Communiqué du Réseau syndical international de solidarité et de luttes
Plus de 20 employé·es licencié·es pour avoir protesté contre les conditions de travail dans une usine de Yangon renoncent à signer un contrat pour être réembauché·es, affirmant que leurs demandes visant à remédier aux violations de leurs droits ont été ignorées. Les responsables d'une usine de vêtements de sport située dans le canton de Shwepyitha, à Yangon, ont demandé à plus de 20 employé·es de reprendre le travail fin décembre. Ils et elles avaient été licenciés deux mois plus tôt pour avoir organisé et participé à une grève.
Lundi marquait la date limite à laquelle les travailleur·euses devaient signer un nouveau contrat de travail avec le site, Myanmar Pou Chen, qui fabrique des chaussures pour la marque mondiale Adidas. Les employé·es ont déclaré à Myanmar Now qu'ils et elles rejetaient les termes de l'offre, qu'elles et ils considéraient comme "injuste et unilatérale", car elle exigeait une renonciation à leurs demandes antérieures d'amélioration des conditions de travail et la fin de toute manifestation. Plus de 2 000 des 7 800 travailleur·euses de Myanmar Pou Chen se sont mis en grève pendant trois jours à la fin du mois d'octobre de l'année dernière, pour réclamer des modifications du règlement de l'usine. Leur revendication portait également sur l’augmentation du salaire minimum journalier de 4 800 kyats (2,14 euros) à 8 000 kyats (3,56 euros) pour tenir compte de la flambée des prix des denrées alimentaires, notamment du doublement du prix du riz.
Leurs revendications ont été ignorées et la grève s'est terminée par le licenciement de 26 travailleur·euses, dont 16 membres du syndicat de l'usine qui auraient mené la grève. Ailleurs, une usine de Yangon et un fournisseur d'Adidas ont licencié près de 30 travailleur·euses pour avoir fait grève en vue d'obtenir une augmentation de salaire. L'usine de confection Myanmar Pou Chen a licencié des membres du syndicat soupçonnés d'avoir organisé une grève de 2 000 personnes.
Le président du syndicat Myanmar Pou Chen, Phyo Thida Win, qui faisait partie des travailleur·euses licenciés, a déclaré que l'offre de réemploi ne tenait pas compte des demandes initiales des travailleur·euses, à savoir le paiement des heures supplémentaires, la garantie de jours de congé et des objectifs de production acceptables. […]
"On nous a demandé de signer un contrat qui disait que nous étions satisfaits et que nous ne négocierions pas davantage. Nous ne pouvons pas accepter cela", a-t-il déclaré à Myanmar Now. "Ils n'ont accepté aucune des conditions que nous avons proposées. On avait l'impression qu'on nous faisait simplement accepter leurs conditions, alors je n'ai pas signé et je suis parti."
Il faisait partie des 17 employés qui ont refusé l'offre ; les neuf autres ont accepté l'indemnité avant de démissionner. Les négociations ayant effectivement échoué avec les responsables de l'usine, les travailleur·euses ont déclaré qu'ils allaient ensuite transmettre leurs demandes à Adidas. Phyo Thida Win a ajouté que les responsables en question avaient également refusé d'autoriser le syndicat à rejoindre un comité de coordination du travail (WCC), pour la résolution des problèmes qui, en théorie, doit proposer une représentation égale entre employés et employeurs, mais qui ont été décrits par les dirigeants syndicaux comme "notoirement connus pour travailler en faveur de l'employeur". La junte exige que les plaintes soient déposées auprès des WCCC avant que les problèmes puissent être examinés par le ministère du travail du régime.
Peu après le coup d'État militaire de février 2021, qui a été largement contesté par le mouvement syndical, la junte a déclaré illégaux les syndicats et les organisations de défense des droits des travailleur·euses. […]
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