Il y a un an, les troupes de Poutine ont envahi le territoire ukrainien. Depuis, c’est la guerre. Syndicalistes, nous sommes profondément attaché∙es à la paix entre les peuples. Une paix juste et durable ne peut se faire en entérinant l’agression qui a déclenché la guerre. Pour obtenir la paix, il faut que les troupes russes quittent le territoire ukrainien. Tout autre solution, notamment celle d’une paix actant l’invasion russe, reviendrait à valider l’agression militaire, l’occupation, les enlèvements d’enfants, les déportations de population…
Syndicalistes, travailleurs et travailleuses, notre première démarche a été de chercher à savoir ce que disaient, ce que faisaient, ce dont avaient besoin les travailleurs et travailleuses, les syndicalistes touché∙es par la guerre. En Ukraine, mais aussi en Russie et au Belarus. Depuis un an, nous marquons notre solidarité avec le peuple biélorusse confronté à une répression féroce et avec celles et ceux qui résistent, désobéissent au régime de Poutine en Russie. Nous relayons les demandes de nos camarades syndicalistes d’Ukraine, dont la priorité est la lutte contre l’armée russe d’occupation et qui mènent en parallèle des luttes contre les mesures des patrons et du gouvernement ukrainiens qui profitent de la situation pour accentuer l’exploitation. Nous avons organisé plusieurs convois syndicaux pour apporter de l’aide matérielle, financière et rencontrer les personnes sur place : dans le cadre du Réseau syndical international de solidarité et de luttes et avec l’intersyndicale française.
On imagine sans mal le déséquilibre des forces militaires entre la Russie et l’Ukraine. Mais la résistance populaire ukrainienne fait que la victoire éclair prévue par le pouvoir russe n’a pas eu lieu. Dans cette situation, refuser au peuple ukrainien ce dont il a besoin pour se défendre, c’est décider qu’il doit être massacré et soumis par l’armée d’occupation.
Fallait-il réclamer le désarmement du peuple algérien pour mettre fin plus vite à la Guerre d’Algérie due à l’occupation française ? Fallait-il empêcher l’armement du peuple vietnamien pour que cesse la guerre du Vietnam provoquée par l’intervention états-unienne ? Au nom de la paix, faut-il exiger que les peuples kurde, palestinien ou sahraoui cessent de se battre contre les agressions qu’ils subissent ? Non ; en Ukraine non plus, il ne faut pas inverser les rôles. Un peuple se défend contre une agression impérialiste.
Les crimes de l’impérialisme russe disculpent-ils les autres impérialismes, à commencer par le plus puissant, les Etats-Unis ? Bien sûr que non. Et nous continuons à soutenir celles et ceux qui le combattent. De même, vis-à-vis de l’OTAN. Nous n’avons pas attendu les « pacifistes » pro-Poutine pour dénoncer l’action de l’OTAN, depuis des années, en participant à des manifestations pour sa dissolution et contre ses méfaits aux quatre coins du monde. Mais comme le disent des camarades ukrainien·nes « on ne choisit pas toujours ceux qui acceptent de nous aider ». Que des forces sociales et syndicales soutiennent le combat du peuple et des travailleur·euses d’Ukraine avec leurs moyens solidaires, militants et financiers, est la meilleure chose pour que cet appui des grandes puissances et de l’OTAN ne se paie pas au prix fort à la fin de cette guerre. En faisant de la sorte c’est encore et toujours l’indépendance des travailleur·euses dans leur combat que nous contribuons à renforcer.
L’augmentation des budgets militaires, la militarisation accrue de la société sont inacceptables. La part des armes livrées (et facturées) à l’Ukraine est infime dans les budgets militaires démentiels. Ce n’est pas à cause de l’aide à l’Ukraine que sont mis à mal retraites, hôpitaux, salaires, écoles, etc. : c’est à cause des profits énormes confisqués par une minorité. Il est scandaleux de prendre prétexte de cela pour appeler, de fait, le peuple ukrainien à accepter l’agression de Poutine. Oui, les budgets militaires sont démesurés et nous avons d’autres priorités ! Alors, attaquons-nous à la militarisation, à la production et aux ventes d’armes françaises notamment à des dictatures comme les Emirats, l’Arabie Saoudite, qui s’en sont servi dans une guerre qui a fait des milliers de morts au Yémen, à l’Egypte qui les a utilisées contre son propre peuple… Dénonçons l’embrigadement de la jeunesse, là où nous sommes : en France et dénonçons la présence de l’armée française de plus en plus contestée en Afrique pour son inefficacité à protéger les populations et sa pratique néocoloniale.