La rentrée se déroule dans un climat politique délétère de surenchère sécuritaire et de prétendus débats sur la laïcité dans lesquels on retrouve un premier ministre autoritaire et désavoué par le Conseil d’Etat et des assimilations graves d’une partie de la population au terrorisme. Il est légitime de se demander en quoi la prolongation de l’état d’urgence (alors que fonctionne déjà le plan vigipirate) peut constituer un moyen de lutte efficace contre les attentats.
L’empathie que nous avons pour les victimes, où qu’elles soient, et l’opposition résolue que nous avons face au développement des replis identitaires et des extrémismes religieux ne nous empêchent pas de douter du bien-fondé des politiques mises en œuvre à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de la France et de l’Europe.
Le traitement actuel de ces questions par celles et ceux qui nous gouvernent ou aspirent à le faire participe au développement des comportements xénophobes et racistes dans la population, tout cela favorisé par certains traitements médiatiques indignes où dominent amalgames, approximations et sensationnalisme.
La communication ministérielle* de cette rentrée scolaire (conférence de presse de la ministre du 29 août, circulaire du 29 juillet 2016, « guide sécurité » distribué à tous les parents d’élèves) est orientée sur les questions sécuritaires avec des mesures largement inefficaces (qui peut croire que dans une situation réelle d’attentat des élèves de primaire seront capables de se muer en urgentistes ?), inévitablement anxiogènes (les simulations d’attentat-intrusion notamment) et parfois dangereuses pour les libertés publiques.
Face à cela nous voulons affirmer notre attachement à l’École publique et laïque
Nous continuons d’affirmer que la réussite et l’épanouissement de davantage d’élèves à l’école passe prioritairement par la réduction des effectifs dans les classes à tous les niveaux et par des conditions d’enseignement sereines.
Face à des logiques sécuritaires inutiles qui ne sont pas les nôtres, nous affirmons que nous ne voulons pas enseigner la peur, que nous ne voulons pas devenir les vigiles anti-terroristes d’une école bunkérisée.
- Nous voulons combattre toutes les formes de racismes et toutes les stigmatisations.
- Nous voulons faire de l’école un lieu d’émancipation et d’égalité à l’opposé du repli identitaire que ne peuvent que contribuer à engendrer l’état d’urgence permanent et l’utilisation quotidienne de la peur.
SUD éducation 63/03
Article publié le 2 octobre 2016