Nous, artistes, penseurs et penseuses, associations, collectifs, partis politiques et organisations
syndicales, sommes scandalisé.e.s de découvrir par le communiqué en date du 26 janvier 2023 que
l’Espace Autogéré des Tanneries et le Quartier Libre des Lentillères ont été, pendant plusieurs mois, surveillés par des caméras dissimulées dans des faux boîtiers électriques. Ces lieux, nous les
aimons, nous les fréquentons, nous les animons et nous nous y organisons. Au travers de ces dispositifs, ce sont donc nous et nos collectifs qui avons directement été soumis à une surveillance
policière particulièrement intrusive.
Cette surveillance politique s’inscrit dans un contexte de criminalisation et de répression des luttes, en particulier des luttes écologistes. Du fiasco de l’affaire Tarnac, à la récente victoire juridique des opposant·es au projet de site d’enfouissement nucléaire de Bure, les procédés l’espionnage des groupes militants ont montré à plusieurs reprises ces dernières années leur voyeurisme autant que leur inutilité. Plus récemment, ce sont les militant·es opposé·es à la construction de méga-bassines qui en ont fait les frais : un militant du collectif « Bassines non merci » a ainsi découvert une caméra dissimulée devant son domicile, puis une balise GPS sur son véhicule. Les manifestant·es anti-bassines ont quant-à-elle·eux été désigné·es sous le terme d’« éco-terroriste ».
Loin des clichés et des figures repoussoir, l’Espace Autogéré des Tanneries et le Quartier Libre des Lentillères sont des espaces insérés dans le tissu associatif et politique de la ville. Nous sommes nombreux·euses, de tous horizons, à nous y impliquer de diverses manières. Ils sont des lieux d’éducation populaire, d’organisation de distribution alimentaire, de cultures libres, d’accueil et de maraîchage. Ils sont aussi des lieux d’organisation politique pour de nombreux collectifs féministes, écologistes, anticapitalistes, syndicaux ou encore antifascistes.
Cette surveillance dissimulée des faits, des gestes, du quotidien et de l’intimité des dizaines de personnes qui prennent soin de ces espaces et des centaines de personnes qui les fréquentent est inadmissible. Nous, artistes, associations, collectifs, partis politiques et organisations syndicales, apportons notre plein soutien aux personnes qui font vivre ces lieux, dénonçons la surveillance politique dont nous avons fait l'objet, et soutenons les futures mobilisations et éventuelles démarches judiciaires visant à éclaircir les responsabilités et à mettre un coup d'arrêt à de telles pratiques.