Le 12 mars Emmanuel Macron s’est adressé aux hauts fonctionnaires.. Un discours révélateur de sa volonté de détruire la Fonction Publique en intimant le devoir d’accélérer et d’exécuter les réformes pour obtenir des résultats.
Ce discours autoritaire reflète, sans surprise, la totale adhésion du président aux dogmes ultras libéraux qui s appuient sur une vision étriquée du Service Public. Ces propos font écho à ce qu’a déclaré son 1er ministre au moment de la crise agricole : que les maux de cette crise seraient liés à une administration trop lourde, des normes trop contraignantes et des contrôles entravant l’activité économique.
Bref, si tout va mal dans notre société, les seules responsables seraient, selon Emmanuel Macron, les administrations : trop rigides, trop complexes, trop intrusives.
Pour Solidaires Finances Publiques ce discours n’est en rien surprenant. Il fait écho au discours du même président qui, devant un panel de chefs d’entreprise en 2017, affirmait que les agentes et agents des finances publiques exerçant leur mission de contrôle fiscal appliquent aux acteurs économiques des « douilles » sans fondement.
Solidaires Finances Publiques ne conteste ni l’urgence sociale qui règne aujourd’hui en France ni « la crise de l’efficacité de l’action publique » mais les fonctionnaires n’en sont pas les responsables. En effet, les politiques publiques néolibérales de ce gouvernement et des précédents n’ont fait que casser les services publics qu’ils soient ceux de la santé, de l’éducation nationale, transports...mais aussi les services des finances publiques en faisant le choix de la réduction de la dépense publique comme dogme intangible. À la DGFiP, Solidaires Finances Publiques ne cesse d’alerter sur la situation alarmante en matière d’exercice des missions et des conditions de travail des personnels avec notamment 36 000 suppressions d’emploi depuis 2008 date de la création de la DGFiP.
Par cette vision le Président et tous ceux qui sont sur ce dogme mettent de coté l’humain au profit du « pognon » et des privilèges d'une minorité, et oublient les nécessaires contrôles pour éviter des dérives et autres dangers sanitaires, sociaux, fiscaux ou environnementaux.
Selon le Président il faudrait, pour rendre le service public efficace, avoir un mouvement de déconcentration des services de l’État, notamment en matière de RH et étendre le pouvoir de dérogation des préfets... Que faut-il entendre derrière ces phrases chocs ?
Faut-il entendre que la gestion des personnels serait sous la coupe des directions locales ou des préfets qui organiseraient les services publics au niveau départemental en fonction des besoins et ajusteraient les services et les personnels en fonction des priorités qu’eux seuls décideraient ?
Quant à « la sorte de maltraitance administrative collective que nous nous infligeons à nous-même », le discours présidentiel reste cohérent : continuer les « simplifications » menées envers les usagers et usagères déjà depuis plusieurs années avec notamment la relation de confiance, le droit à l’erreur...Aux finances publiques, la mise en place de la loi Essoc a, dans cette même logique, changé radicalement le sens de la mission du contrôle fiscal. Ainsi l’accompagnement vient prendre le pas du contrôle pour ne pas dire plus. La régularisation en cours de contrôle, les règlements d’ensemble deviennent la norme du contrôle…Les agents du contrôle fiscal sont encouragés à être pro-actifs vis à vis des entreprises !
Pour Solidaires Finances Publiques, expliquer la fiscalité aux contribuables fait partie des missions des finances publiques mais pas dans le cadre du contrôle fiscal. Solidaires Finances Publiques réaffirme que la séparation gestion/contrôle est indispensable pour pouvoir mener à la fois, un suivi de qualité des actes de gestion des entreprises et des particuliers, et un contrôle efficace, corollaires du système déclaratif. Mais les choix politiques et administratifs de ces dernières années n’ont fait que détruire notre réseau de proximité, concentrer nos missions et nos structures.
Plus globalement ce discours n’est en rien surprenant mais tout aussi condamnable, il relève d’un discours anti-fonctionnaire, anti-contrôle, anti-norme qui confirme la politique ultra libérale de ce gouvernement.