Le socle idéologique du Rassemblement national et de toute l’extrême droite est le racisme (racisme antiarabe, négrophobie, antitziganisme, antisémitisme…) et le patriarcat (voir notre 4 pages « Femmes et minorités de genre »). Dans un contexte d’offensives anti-migrant·es et islamophobes très violentes et de durcissement des politiques racistes, le RN menace très concrètement les personnes racisées et étrangères comme il menace aussi les femmes et les personnes LGBTQIA+.
La société française est profondément structurée par le racisme, un système de domination et d’exploitation qui hiérarchise les vies et les droits. Ce racisme est largement hérité du colonialisme. Il a déjà des effets concrets : oppressions, discriminations, violences. Les politiques de ces dernières années se sont de plus en plus appuyées sur ce racisme et ont emprunté des pans entiers du programme de l’extrême droite. L’arrivée au pouvoir du RN amènerait cependant une grave accélération des politiques autoritaires, répressives visant les populations des quartiers populaires, avec ou sans papiers. Le RN c’est : plus de pouvoir à la police, la militarisation de la sécurité, l’augmentation des contrôles au faciès, des arrestations, de l’enfermement et des expulsions, la criminalisation du mouvement social, les menaces aux libertés publiques y compris syndicales, le contrôle des médias pour diaboliser nos luttes.
L’extrême droite est raciste
Un héritage nazi et fasciste
Les fondateurs du FN (Pierre Bousquet, François Brigneau et Léon Gaultier) étaient engagés dans la SS nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Quelques exemples de membres du RN ouvertement antisémites et négationnistes : François Duprat, Jean-Marie le Pen, Alain Soral, Frédéric Chatillon, Frédéric Boccaletti (député sortant et candidat RN négationniste)…
→ Citation : « nous n’avons pas à rougir de notre histoire », Marine Le Pen, fêtant les 50 ans du FN/RN, 2022.
→ Le logo du RN, identique à celui du FN, s’inspire du parti fasciste italien Fratelli d’italia.
→ Le service d’ordre du RN est constitué de membres du bloc identitaire comme le GUD (groupes violents, tatouages nazis…).
Un parti raciste et xénophobe
Le discours raciste du RN repose sur le suprémacisme blanc, chrétien et hétéronormé. Le programme du RN est basé sur l’idée que les étranger·es menaceraient la société et l’économie du pays. Les étranger·es, en particulier les immigré·es sans papiers, mais aussi les personnes binationales seraient une menace, un danger en soi. Ils et elles devraient donc voir leurs droits réduits voire supprimés et auraient vocation en grande partie à quitter le territoire. Condamnés à de nombreuses reprises pour racisme, les cadres du FN/RN ont basculé sur un discours islamophobe pour échapper à la justice, plus clémente sur le sujet. Mais leur racisme va bien au-delà : la négrophobie, l’antisémitisme et l’antitziganisme, pour ne prendre que ces exemples, font aussi partie du suprémacisme blanc que le RN prône à travers la « préférence nationale ».
Quelques exemples :
→ « Je crois à l’inégalité des races, oui bien sûr, c’est évident toute l’histoire le démontre, elles n’ont pas la même capacité, pas le même niveau d’évolution historique », Jean-Marie Le Pen, 1996.
→ En 2013, Anne-Sophie Leclere, candidate FN aux législatives postait un montage négrophobe associant Christiane Taubira à un singe.
→ Candidat-es en 2024 :
– Jordan Bardella (RN) : « Notre civilisation peut mourir, si nous ne reprenons pas maintenant et rapidement le contrôle de notre politique migratoire ».
– Marie-Christine Sorin (candidate RN, 65) : « Non, toutes les civilisations ne se valent pas. Certaines sont juste restées au-dessous de la bestialité dans la chaîne de l’évolution ».
– Le 3 novembre 2023, Grégoire de Fournas, député RN a interrompu dans l’AN le député LFI Carlos Martens Bilongo en disant : « qu’il retourne en Afrique ».
– Gilles Bourdouleix (candidat RN, 49) : « Hitler n’a peut-être pas tué assez de Tziganes »
– Louis-Joseph Pecher (candidat RN, 54) : « L’islam stupide fait toujours le jeu des USA, des juifs et du Mossad ».
Qu’est-ce que la « préférence nationale ? »
C’est un projet politique d’État raciste qui systématiserait par la loi l’exclusion dans l’accès aux droits des personnes en fonction de leur nationalité, de leur religion ou de leur origine. La préférence nationale c’est la légalisation généralisée des discriminations racistes.
Elle est au cœur du projet du RN :
– En 2014, le RN publiait pour les élections municipales un « Petit guide pratique de l’élu Front national » qui incitait ses candidats à réclamer publiquement l’application de la priorité nationale dans l’accès aux logements sociaux.
– Fin 2023, Marine Le Pen déposait un amendement à l’AN qui visait à discriminer les personnes étrangères mais également bi-nationales, pour leur interdire l’accès à des emplois dans l’administration, dans les entreprises publiques ou en charge d’une mission de service public.
Un parti islamophobe
L’Islam est la principale cible des discours racistes en France. Le RN considére que l’islam et les musulman·es représentent une menace pour l’identité française. Il assimile l’ensemble des personnes musulmanes ou considérées comme telles à des fanatiques et des terroristes, faisant d’elles des personnes dangereuses par essence.
Le RN agite le fantasme du « Grand remplacement », surfant sur la représentation de la présence musulmane en Europe comme une menace.
Marine Le Pen avait déjà été poursuivie en 2010 pour incitation à la haine après avoir comparé les prières de rue de musulman·es à l’occupation nazie.
Sous couvert de lutte contre « l’islamisme », le programme du RN a vocation à réprimer les personnes musulmanes ou considéré·es comme telles, accentuant encore les politiques menées ces dernières années :
→ Fermeture de mosquées et d’associations musulmanes ;
→ Expulsions d’imams ;
→ Perquisitions massives ;
→ Fermeture d’écoles musulmanes.
Durant sa campagne, Jordan Bardella a insisté sur l’islam dans nombre de ses déclarations, répétant notamment des chiffres totalement faux : « un tiers des musulmans en France est favorable à la charia », « le hijab est évidemment une provocation », « défendons la laïcité contre ses ennemis réels, non pas les crèches de Noël mais les prédicateurs islamistes ». Il promet de fermer 500 mosquées « radicales », des associations religieuses, expulser tous les fichés S, etc.
« L’extrême droite est tellement islamophobe qu’on en oublierait presque qu’elle est antisémite », Haroun, humoriste.
Le RN a des projets à la fois islamophobes et antisémites :
– Interdire le port du voile et de la kippa dans tout l’espace public ;
– Interdire toute nourriture halal et casher en France (fabrication et importation) ;
– Interdire les menus de substitution sans porc dans les cantines des écoles.
Le RN porte une vision du monde antisémite
Pour essayer d’accéder au pouvoir, le RN cherche à construire une alliance fondée avant tout sur l’islamophobie, le racisme antiarabe, la négrophobie, l’antitziganisme. Sa stratégie : mettre son antisémitisme sous le tapis.
Il déploie pourtant un discours complotiste qui exprime une vision du monde antisémite : l’utilisation permanente des termes « mondialistes » et « cosmopolites » en est une illustration.
Le RN est un parti antisémite qui instrumentalise la lutte contre l’antisémitisme à des fins islamophobes. En 2012, Marine Le Pen disait, à propos des Juifs et Juives : « Je leur demande de faire ce sacrifice pour pouvoir mettre en place une véritable lutte contre le fondamentalisme islamiste dont ils sont eux-mêmes en partie les victimes ».
Aujourd’hui, le soutien à Israël semble se substituer à la lutte contre l’antisémitisme. Le soutien du RN à Israël a pourtant trois motivations essentielles :
→ Son hostilité aux Arabes et musulman·es, inscrite dans le cadre de la « guerre de civilisation » contre l’islam ;
→ Continuer à soutenir l’idée que les Juifs et Juives demeurent étrangers par essence et que leur pays est Israël, ce qui va bien avec l’idée raciste du « chacun chez soi » ;
→ L’État d’Israël est un modèle d’État ethno-nationaliste dont le régime d’apartheid séduit le RN, encore plus aujourd’hui qu’il est dirigé par un gouvernement d’extrême droite.
Déshumaniser les migrant·es, une politique meurtrière
L’extrême droite veut fermer les frontières et supprimer les droits de toutes les personnes étrangères (n’ayant pas la nationalité française) ou considérées comme telles.
Le RN s’est récemment opposé à une résolution pour sauver les vies des personnes migrant·es en mer, a voté en faveur de la loi immigration à l’Assemblée Nationale et s’est opposé à la proclamation de l’Union européenne comme zone de droit pour les personnes lgbtqia+.
Son programme prévoit de s’affranchir des conventions et traités internationaux en matière de droits humains et de droits des migrant·es et des réfugié·es.
Le RN revendique :
– la suppression du droit du sol ;
– la déchéance de nationalité ;
– la suppression de l’Aide Médicale d’État qui garantit le droit à l’accès aux soins pour toute personne présente sur le territoire.
L’extrême droite bénéficie d’une couverture médiatique acquise à sa théorie du grand remplacement et à la fabrication d’une menace migratoire.
Les thèses du RN ont été largement développées par les grands médias, CNews et les médias Bolloré en tête. L’omniprésence de Zemmour à l’antenne depuis quasiment deux décennies et l’arrivée de nouvelles figures d’extrême droite comme Hanouna, Geoffroy Lejeune ont accéléré la fascisation du discours.
Les mensonges martelés sur le prétendu coût social des migrant·es, les liens entre migration et délinquance, l’ampleur des flux migratoires et le pseudo « appel d’air », etc., ne visent qu’à légitimer une idéologie raciste et xénophobe.
Face à leur exploitation, les travailleurs Sans papiers du piquet de Chronopost d’Alfortville se battent depuis 30 mois pour leur régularisation.
Une accélération des violences
Si l’extrême droite arrivait au pouvoir, la préférence nationale associée à la violence amèneraient inexorablement à une accélération :
- des pleins pouvoirs à la police, à la gendarmerie et à l’armée ;
- l’émergence et le déferlement de milices fascistes qui prennent pour cibles les personnes racisées et LGBTQIA+ ;
- la dégradation des conditions matérielles d’existence des familles pauvres, en particulier racisées et étrangères ;
- la légitimation d’idéologies suprémacistes qu’il sera difficile de déconstruire ;
- la dégradation du système de santé et de l’ensemble des services publics, qui écartera davantage les personnes les plus défavorisées de l’accès aux droits ;
- un durcissement des politiques migratoires déjà très violentes (voir tableau) ;
- l’intensification de la politique coloniale française, notamment en Kanaky/Nouvelle Calédonie ;
- le renforcement du soutien inconditionnel à l’Etat d’Israël dans le génocide qu’il mène à Gaza.
On a déjà essayé…
L’extrême droite a été au pouvoir dans le passé et a toujours mené des politiques racistes, autoritaires, d’attaques frontales contre les libertés publiques.
On connaît aussi les politiques mises en œuvre par les alliés du RN dans d’autres pays : Trump au Etats-Unis d’Amérique, Meloni en Italie, Bolsonaro au Brésil, Orban en Hongrie, Milei en Argentine… (cf. 4 pages international de Solidaires).
Dans la France d’aujourd’hui même, le Rassemblement National est à la tête de 16 communes depuis les élections municipales de 2020. Ces municipalités sont le laboratoire de ce qu’il se passerait si ce parti parvenait au pouvoir. Une constante est la mise en place de mesures discriminatoires et racistes.
Un argumentaire syndical antifasciste
Les municipalités d’extrême droite pratiquent la discrimination raciste à peine « camouflée », les maires tenant des discours abjects contre les Français·es issu·es de l’immigration post-coloniale, les étranger·es et les réfugié·es.
• A Beaucaire et Cogolin, des emplacements d’étals pour les marchés ont été enlevés aux commerçants d’origine maghrébine ;
• A Hayange, le maire a insulté le Secours Populaire accusant l’association (qui aide matériellement les personnes les plus démunies sur la commune) de « propagande pro-immigré-es » et a tenté de l’expulser de son local : décision invalidée par la Cour de Cassation ;
• A Béziers : la ville à tenté d’expulser de ses locaux l’Association Biterroise Contre le Racisme ;
• À Vitrolles : la mairie a coup sur coup fermé un cinéma puis une salle de spectacle et supprimé le projet culturel de la ville sur des critères politiques.