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Le numéro 20
Le combat contre l’extrême droite se résume trop souvent en une alternative entre antifascisme de rue et vote barrage. Pourtant les luttes sociales, l’auto-organisation, la solidarité de classe et les luttes antiracistes sont autant d’outils et d’armes à disposition des syndicats pour combattre l’extrême droite. Le projet politique, économique et social de l’extrême droite est en contradiction même avec les objectifs du syndicalisme : la disparition du salariat et du patronat, l’union des travailleuses et travailleurs en vue de préparer l'émancipation intégrale qui passera nécessairement par l'expropriation capitaliste. La lutte antifasciste s’inscrit dans une tradition déjà ancienne du mouvement ouvrier et conserve toute son actualité.
Combattre l’extrême droite nécessite d’en connaître les contours, ses différentes « familles » et les modes d’action et de propagation de ses idées haineuses ; quelques articles s’y attachent. Grégory Chambat analyse l’action des « réac-publicains ». Autre espace pollué par l’extrême droite, l’écologie : Marion Bagnaud revient sur les racines de l’écofascisme et ses développements actuels au sein du mouvement écologique.
Le détournement des valeurs d’émancipations pour légitimer son racisme est une marque de l’extrême droite. Ainsi, au nom des femmes, voire même du féminisme, se développe une pensée fémonationalisme dont les contours sont ici décrits. Cécile Ropiteaux décrypte la politique du FN/RN concernant les droits des femmes. Deux espaces où l’extrême droite est assez implantée sont ensuite analysés : un article évoque sa place dans les syndicats de police, un autre décrit les stratégies déjà anciennes d’une forte présence sur le web où sa propagande haineuse se développe et lui assure des sources de financement non négligeables.
Contre l’extrême droite, nous brisons les frontières qui déchirent ce monde, la lutte antifasciste est internationaliste. Nara Cladera s’entretient pour nous avec Herbert Claros, métallurgiste et membre de la CSP Conlutas, sur la situation au Brésil. Deux articles reviennent ensuite sur les États-Unis : Patrick Le Tréhondat évoque l’histoire et le développement de l’extrême droite depuis la constitution de Ku Klux Klan jusqu’à l’assaut des partisans de Trump sur le Capitole, David Sauzé évoque pour sa part les combats de l’IWW pour un syndicalisme de classe incluant les Noir·es et les immigré·es dans le contexte de la ségrégation raciale du premier quart du vingtième siècle.
Combattre l’extrême droite et le racisme passe aussi par la reconnaissance du droit à l’autodétermination des peuples et le soutien aux luttes de libération nationale, c’est ce que nous rappellent Nara Cladera et Egoitz Urrutikoetxea, évoquant les liens entre luttes sociales et libérations nationales et les voies d’émancipations possibles face à l’État-nation et son corollaire, le colonialisme.
Ne pas rester isolé·es face à l’extrême droite est un impératif. René Monzat revient sur l’histoire du réseau Ras l’front. Depuis 1996, VISA mène un travail intersyndical par le biais de formations et de publications et notamment Lumières sur les mairies brunes qui, depuis 2014, compile les méfaits de l’extrême droite en responsabilité, ouvrages que nous présente Laëticia Brescazzin.
Les mots sont des armes, Alain Chevarin décrypte les usages et détournements du vocabulaire qui permet à l’extrême droite d’avancer masquée, tout en envoyant des signaux forts à ses fidèles. Dans un entretien accordé à Verveine Angeli, Omar Slaouti et Ugo Paletha reviennent sur les liens politiques entre racisme et fascisme et en appellent à davantage de liens entre luttes antiracistes et antifascistes. C’est dans cet esprit que Cybèle David évoque le travail de la commission Solidaires, la Campagne Antiraciste & Solidarité et les grèves de postiers sans papiers à Chronopost et à DPD, filiales de La Poste.
Pour Solidaires la lutte antifasciste est au cœur du combat syndicaliste, c’est ce que nous rappelle Frédéric Bodin, dans un entretien avec David Sauzé. De leur côté, des camarades de Solidaires Meurthe-et-Moselle, Savoie et Haute-Savoie, partagent avec nous leur expérience de ripostes unitaires construites localement. Puis nous évoquons la mémoire et les combats de notre camarade Clément Méric, tombé sous les coups de militants néonazis en juin 2013.
Hors dossier (encore que…) Sylvain Boulouque, historien, nous dresse le portrait d’un autre Le Pen : Julien, militant libertaire, délégué à la propagande au sein de la CGTU, qui devient à partir de 1926 l’un des animateurs du courant syndicaliste révolutionnaire au sein de la CGT. Enfin, il sera évoqué la grève contre la casse des retraites à la RATP au cours de l’hiver 2919-2020.