Après avoir fait adopter au forceps (49.3) la réforme des retraites et la loi immigration scélérate avec les voix de l’extrême droite, la Macronie ne compte pas s’arrêter là. Elle n’a pas son pareil pour tordre les règles de droit et les utiliser quand cela arrange ses affaires. Rappelons-nous l’affaire Benalla où la Macronie s’est assise comme jamais sur les règles de droit et a couvert les violences commises par ses hommes de main. Elle a largement récidivé lors des mobilisations des gilets jaunes et les manifestations retraites en 2023 où ses forces de l’ordre ont pu faire usage de la force particulièrement violente, éborgnant comme Séb, notre camarade de SUD Rail et allant même jusqu’à tuer, ainsi du meurtre d’une octogénaire de 84 ans par la BRAV’M en décembre dernier. En réalité, dans une sorte de rapport de force inversé, elle a quitté le domaine de la raison pour n’utiliser que la violence pure et la peur qu’elle suscite pour imposer dans les faits ses idées. Les quartiers populaires, depuis longtemps réprimés, en savent quelque chose et le meurtre de Nahel l’année dernière a été une piqûre de rappel sur la réalité de la pratique du pouvoir par Macron. La police tue d’abord et réprime ensuite avec l’aval de ses responsables politiques, en l’occurence Darmanin et Dupond Moretti.
La violence pratiquée est devenue si visible et documentée que la France se fait régulièrement rappeler à l’ordre par les organisations internationales. Mais même pas peur, Gérald Darmanin peut crânement déclarer sans crainte d’être démenti qu’il passera outre une décision de la Cour Européenne des droits de l’Homme de protéger un citoyen ouzbek en le faisant finalement expulser de France. Aussi quand un ministre de la justice peut se faire juger pour trafic d’influence sans même démissionner, de sorte qu’il est un justiciable en même temps supérieur hiérarchique des juges chargés de le juger, on est dans une telle caricature que la république bananière serait presque dépassée. Il faut dire que pour la Cour de Justice de la République les faits reprochés à Eric Dupont Moretti sont certes avérés mais pas l’intention du Ministre de les commettre ! De telles transgressions du droit ont désormais à voir avec un Victor Orban et pavent à l’évidence le chemin à l’extrême droite. C’est l’un des pires marqueurs de l’évolution de la situation politique.
Parallèlement et en écho le gouvernement a produit (voire fait valider par le Parlement) toutes sortes de textes imprégnés d’un « libéralisme autoritaire » totalement débridé. Entre autres exemples, après la loi retraites, il a réussi à faire passer la loi Kasbarian Bergé qui criminalise les classes populaires incapables d’honorer leurs dettes de loyers ainsi que les squatteurs de logements vides (et écornant au passage une nouvelle fois le droit de grève en criminalisant le piquet). Publié pendant les congés d’été un décret surnommé « marchand de sommeil » où pour lutter contre la crise du logement, il propose que puissent être loués les sous sols ou des pièces ne dépassant pas 1,8 mètre de hauteur ! Il faut croire que faire adopter un texte honteux est valorisant pour sa carrière : son auteur, le dénommé Guillaume Kasbarian, représentant de la spéculation immobilière, est ainsi quelques mois plus tard devenu ministre du logement social. Et prépare un acte 2 de sa loi qui cette fois dépècera le logement social au profit de la spéculation. 2024 ne stoppera certainement pas le rythme de la destruction des droits sociaux. Se prépare notamment une loi dite de « simplification » de la vie des employeurs : rehaussement des seuils sociaux pour limiter les CSE et la présence syndicale, division par deux du délai de contestation des licenciements, possibilité pour les petites entreprises de déroger aux conventions collectives de leur branche… Soit une nouvelle loi travail en forme de festin patronal. Se prépare également une réforme de l’assurance chômage dont la violence envers les chômeur-ses pourrait bien dépasser toutes les autres. Un chômeur de 55 ans aura perdu 21 mois d’indemnisation entre 2023 et 2024 ! Enfin la fonction publique et les services publics honnis de la Macronie ne sont pas oubliés. Le ministre Guérini prépare la casse la plus sérieuse du statut depuis sa mise en place avec le licenciement à grande échelle des fonctionnaires et la suppression des catégories d’emploi A, B et C.
Précarité généralisée et répression sociale : les deux jambes politiques de la Macronie sont en place depuis 7 ans maintenant. De temps en temps, ce bel édifice est égratigné, comme enfin la possibilité des salarié·es d’obtenir des congés payés pendant un arrêt de travail. De même, notre victoire récente sur l’aide juridictionnelle aux travailleur·ses sans papier démontre que tout n’est pas perdu. Ces victoires ou les promesses de sont importantes mais demeurent insuffisantes. Il est plus que temps d’un sérieux croc en jambe à la Macronie. Et pour cela retrouver le chemin de la grève générale et du rapport de force, partout dans les lieux de travail. Pour permettre ensuite un droit véritablement social.