Bonjour Ana, vos drapeaux flottent dans toutes les manifestations, peux-tu nous présenter votre organisation en quelques mots?
Femmes Égalité est née avec une campagne contre «l’extension du travail de nuit pour les femmes dans l’industrie» présentée par le projet de loi Séguin (en 1987) comme une avancée pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Ce sont des femmes ouvrières faisant partie d’Égalité qui ont rapidement démasqué l’entourloupe: travailler la nuit à la chaîne ne libère personne. Des travailleuses des centres de tri des PTT comme des infirmières ont vite réagi, expliquant la corvée du travail de nuit. Cette campagne deviendra nationale.
C’est une des raisons qui nous permet de dire que notre ADN est la défense des intérêts et des aspirations des femmes des milieux populaires, les travailleuses, les femmes des quartiers, celles qui vivent le plus durement les discriminations, l’oppression et l’exploitation du système capitaliste.
Nous pouvons affirmer que Femmes Égalité s’est construite et développée par la lutte, dans l’action sur le terrain. Nous travaillons dans les quartiers populaires, on organise des «Rencontres de Femmes Égalité» tous les mois dans plusieurs villes : Paris 20e , 11e , Nanterre, Pessac, Bordeaux, Grenoble, Strasbourg, Villefranche.
Puis en 2008 et en 2010, nous avons participé avec des syndicats et des associations à la bataille pour la régularisation des travailleuses et travailleurs sans papiers. Dans leur immense majorité, étaient isolées travaillant dans le service à la personne, le nettoyage. On est arrivé à arracher la régularisation de toutes ces femmes, 398 travailleuses de ces secteurs ont été régularisées !
À partir de 2010, celle pour l’augmentation des salaires dans les métiers féminisés.
Vous travaillez beaucoup avec les femmes des milieux populaires ; quels impacts a eu la pandémie pour elles?
Dans les quartiers populaires nous rencontrons les travailleuses des métiers féminisés, celles qui sont devenues les « premières de corvées » : nettoyage, commerce, aide à domicile, aide-soignante, AESH, AED, ATSEM, travailleuses sociales et bien d’autres…
Confrontées à la surexploitation et aux discriminations, épuisées par les conditions de travail dans lesquelles elles exercent leurs métiers, souvent ne connaissant pas leurs droits, ayant des difficultés pour lire leurs contrats de travail ou leurs fiches de paye.
Pendant la pandémie elles ont travaillé, sans aucune protection ; celles qui étaient au chômage technique ne connaissaient pas les démarches à faire, d’autres devaient laisser les enfants seuls à la maison pour aller au travail… Dans les quartiers populaires, il y a eu aussi un véritable élan de solidarité pour aider les plus fragiles.
Notre rôle? Maintenir le lien, expliquer, soutenir… Là où on a pu, des femmes d’Égalité ont participé à distribuer gratuitement des paniers de nourriture et de produits d’hygiène aux personnes en situation de grande précarité, d’autres ont fabriqué des masques ou fait des surblouses pour les soignant·e·s.
Vous publiez régulièrement un journal très riche, où pouvons-nous nous abonner?
C’est un journal fait par des femmes pour des femmes, pour comprendre et agir sur le terrain et non plus subir, il est destiné à la lecture de tou·tes. Il comporte des témoignages, des analyses de la situation politique orientées sur des questions qui concernent les femmes avec une ouverture sur les luttes des femmes dans le monde.
En vente auprès de nos militantes ou en nous contactant: Organisation de Femmes Égalité pour l’Émancipation et le Progrès social 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris ou femmesegalite@yahoo.com ou encore sur femmes-egalite.org