L’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN : Ejército Zapatista de Liberación Nacional) a été fondée le 17 novembre 1983 dans les montagnes du sud-est mexicain (il y a 40 ans). Ce groupe de guérilleros se revendiquant du Che Guevara s’installe dans un territoire habité par des Mayas et leur projet révolutionnaire s’imprègne de leur culture et de leur langue. Leurs façons de penser se transforment profondément avec l’intégration de femmes et d’hommes principalement Tzeltales et Tzotziles (cultures mayas) : le projet de soulèvement armé se consolide, la place de la vie communautaire maya devient centrale, avec une importante participation des femmes qui imposent la loi révolutionnaire des femmes pour l’égalité en 1993. Ce sont les peuples zapatistes qui votent le soulèvement en 1993.
Les zapatistes se sont soulevé·es le 1er janvier 1994 (il y a 30 ans), jour de l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), dont le Mexique est signataire. Dans la Première déclaration de la forêt Lacandone (1er janvier 1994), l’EZLN écrit : « la souveraineté nationale réside essentiellement et originellement dans le peuple. Tout pouvoir public émane du peuple et s’institue à son profit. Le peuple a, en tout temps, le droit inaliénable de modifier la forme de son gouvernement ou d’en changer ». Cette déclaration, véritable déclaration de guerre au gouvernement mexicain, énumère les onze demandes zapatistes : le travail, la terre, le logement, l’alimentation, la santé, l’éducation, l’indépendance, la liberté, la démocratie, la justice et la paix (deux autres seront ajoutées plus tard : l’information et la culture).
Ils et elles ont occupé cinq des plus grandes villes du Chiapas, puis ont affronté l’armée mexicaine plusieurs jours (faisant plusieurs centaines de morts) avant un cessez-le-feu sous la pression du mouvement social mexicain. S’ensuivent plusieurs mois de négociations avec le gouvernement, entrecoupés par des phases de discussions et de consultations entre les zapatistes, la « société civile » et les autres peuples autochtones. Dans cette dynamique, en 1996, le Congrès national indigène (CNI) est fondé, avec plus de 35 peuples autochtones ; puis, le gouvernement mexicain et l’EZLN signent les « accords de San Andrés sur les droits et cultures indigènes » qui accordent l’autonomie, la reconnaissance et les droits aux peuples autochtones du Mexique. Les gouvernements successifs (du PRI, du PAN et du PRD1) n’ont jamais mis en application ces accords, ce qui a mené les zapatistes à la rupture politique définitive, en 2001. Les zapatistes décident alors de prendre leur autonomie et de la construire : ils et elles fondent un système politique et social totalement autonome de l’État mexicain et de l’État du Chiapas, depuis la base, ou selon leur expression « en-bas, à gauche ».
1 PRI : Parti révolutionnaire institutionnel. PAN : Parti d’action nationale. PRD : Parti Révolutionnaire.