(CGT-FSU-Solidaires) La diplomatie française doit exiger la libération des syndicalistes biélorusses arrêté.es !

Nos organisations syndicales ont interpellé par un courrier commun le ministère des Affaires Etrangères, au sujet de l’arrestation dans la nuit du 19 au 20 avril 2022 d’Alexandre Yaroshuk, président du BKDP, le Congrès biélorusse des syndicats démocratiques. M. Yaroshuk est également vice-président de la Confédération syndicale internationale et membre du conseil d'administration de l'OIT.

M. Yaroshuk a été arrêté par le KGB biélorusse en même temps que vingt autres dirigeants du BKDP. Ces arrestations arbitraires ont donné lieu à la fouille des bureaux syndicaux et des domiciles où papiers, ordinateurs et matériels ont été saisis, au mépris des conventions internationales de l'OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical. Dix dirigeants dont Alexandre Yaroshuk sont toujours maintenus en détention. Les autorités biélorusses formulent leurs accusations sur la base des articles du Code pénal permettant jusqu’aux 4 ans d’emprisonnement.

Le régime de M. Loukachenko cherche ainsi à intimider, menacer et réprimer des syndicalistes qui ont fait usage de leur droit à la liberté d'expression et d'association pour dénoncer l'invasion russe de l'Ukraine et la complicité du régime biélorusse.

Dès le 24 février 2022, jour du déclenchement de la guerre par Poutine, le BKDP a affiché clairement sa position : « Au nom des membres des syndicats indépendants de Biélorussie, les travailleurs de notre pays, nous nous inclinons devant vous, nos frères et sœurs ukrainiens. Nous nous excusons pour la honte, la honte que le gouvernement biélorusse a imposée à tous les Biélorusses, en devenant un allié de l'agresseur et en ouvrant la frontière avec l'Ukraine. Mais nous voulons vous assurer, chers Ukrainiens, que la grande majorité des Biélorusses, y compris les travailleurs, condamnent l'aventure du régime biélorusse actuel, qui tolère l'agression russe contre l'Ukraine. Nous exigeons la cessation immédiate des hostilités et le retrait des troupes russes d'Ukraine, ainsi que de Biélorussie. En cette période difficile du destin, nous déclarons que nous sommes avec vous de cœur et d'esprit, chers Ukrainiens. Nous vous souhaitons de persévérer et de gagner. »

Le 29 mars dernier M. Yaroshuk s’est de nouveau adressé aux travailleurs de son pays : « Moi, président du Congrès biélorusse des syndicats démocratiques Alexandre Yarashuk, je m’adresse à vous. La guerre de la Russie en Ukraine n'est pas notre guerre. Nous pouvons l'arrêter, nous devons l'arrêter ! La majorité absolue des Biélorusses, 97 %, ne veulent pas que la Biélorussie participe à la guerre en Ukraine ! Nos descendants ne nous pardonneront pas notre silence au moment le plus critique de notre histoire ! N'ayez peur de rien ni de personne ! Il est difficile d'imaginer pire que ce qui nous arrive aujourd'hui. Jamais et nulle part au monde la demande de mettre fin à la guerre n'a été un crime ! Et jamais et nulle part au monde, il n'y a eu de cause plus noble que de s'opposer à la guerre, contre le meurtre d'innocents, de femmes, de personnes âgées et d'enfants !

Exigez sur vos lieux de travail, au nom des collectifs de travail : non à la guerre, non à la participation de la Biélorussie à celle-ci ! Exigez l'interdiction d'envoyer des troupes biélorusses en Ukraine, exigez le retrait des troupes russes de notre pays ! Faisons-le maintenant, faisons-le aujourd'hui ! Parce que demain, il sera trop tard ! Parce que demain pour les Biélorusses ne viendra peut-être jamais ! »

Nos organisations attendent de la diplomatie française qu'elle prenne une position publique extrêmement ferme sur ce dossier, ainsi qu'elle l'a fait concernant les 27 journalistes arrêtés le 22 avril, dans ce qui s'apparente à un mouvement coordonné de répression. Nous demandons à ce que la France appelle à la libération immédiate des syndicalistes arrêtés et en particulier d'Alexandre Yaroshuk, et qu'elle prenne les dispositions nécessaires pour que les syndicalistes menacés et leurs familles puissent recevoir l'aide et la protection dont ils pourraient avoir besoin.

Paix en Ukraine ! Libertés au Belarus et en Russie !