Un bilan de la lutte pour nos retraites

Un an après le début de la mobilisation pour nos retraites, nous pensons qu’il est important de revenir sur quelques points clefs pour préparer les prochains affrontements et cette fois gagner.

Essentielle unité

L’unité intersyndicale, défensive sur le refus des 64 ans, a été importante pour donner confiance aux travailleuses et aux travailleurs et a montré la centralité du mouvement syndical. Les intersyndicales étaient surtout territoriales. Dans les secteurs professionnels, les intersyndicales pour construire la mobilisation n’ont pas été aussi nombreuses. L’intersyndicale large a été indispensable, mais pas suffisante pour gagner.

Un mouvement territorialisé

Si les mobilisation dans les secteurs n’ont pas été extrêmement fortes et puissantes, un élément intéressant de cette lutte est la multiplication des points de manifestations jusque dans des villes où il n’y en a quasi jamais eu. Ce qui a permis une grande proximité et une visibilité du mouvement.

Manifester / faire grève

La mobilisation a été massive sur des grandes journées faisant, en janvier et février, monter la pression et envisager d’aller plus loin dans la construction du rapport de force. Mais “faire grève” a été compliqué pour nombre de personnes, en particulier dans une période d'inflation. Ainsi des congés, des RTT, des débrayages de quelques heures ont servi à participer. De même, on a vu des rotations de personnes participant à une mobilisation sur deux ou sur trois.

De nouvelles passerelles : écologie et féminisme

Nous avons expliqué la façon dont ce report de l’âge de départ à la retraite a aggravé particulièrement la situation des femmes. De même, nous avons fait le lien entre cette réforme et l'aggravation de la crise écologique. Au-delà des positions, il y a eu des matérialisations concrètes avec des cortèges ou des actions spécifiques, féministes (avec par exemple les Rosies) ou écologistes qui ont renforcé la mobilisation et le lien avec une partie de la jeunesse.

Reconduire et généraliser la grève : l’échec du 7 mars et des jours suivants

La seule suite de forte journée de mobilisation ne pouvait pas suffire pour avoir le rapport de force suffisant pour gagner. L’intersyndicale nationale a appelé à un blocage total du pays le 7 mars. L’Union syndicale Solidaires a porté l’idée de reconduire la grève à partir du 8 mars. Si la grève a été forte le 7 elle n’a pas été suffisante pour bloquer le pays. Les reconductions ont été trop faibles et n’ont pas tenu longtemps et se sont majoritairement limitées à des secteurs dont la grève a eu un impact direct et visible médiatiquement, ce qui a constitué une forme de “délégation” de la grève à ces secteurs. Les assemblées générales des grévistes étaient faibles tant en nombre qu’en participant.es. Le rapport de force insuffisant a entraîné la défaite. Ceci repose le rôle central de la grève pour gagner.

Une victoire syndicale sur le plan des idées

Il est vite apparu que cette réforme était injuste socialement pour le plus grand nombre avec comme problème de fond le partage des richesses, entraînant l’adhésion de la population qui a majoritairement soutenu tout du long la mobilisation.

Malgré la défaite, la capacité à se mobiliser massivement collectivement a permis non seulement plus d’adhésion syndicale, mais le sentiment immédiat de n’avoir pas tout perdu...

Cette bataille a été importante et doit nous donner confiance en l’avenir : en renforçant nos syndicats et nos outils interprofessionnels, en renforçant le travail unitaire, en remettant au centre la question de la grève, nous pouvons empêcher les régressions sociales et gagner de nouveaux droits !

Pour se replonger dans la mobilisation, le dossier regroupant une partie importante des productions de Solidaires pendant la mobilisation :

https://solidaires.org/sinformer-et-agir/brochures/brochures-et-argumentaires-interpro/dossier-retraites-2022-2023/

Pour se syndiquer Solidaires

https://solidaires.org/se-syndiquer/pourquoi-se-syndiquer/