Ukraine : 3 raisons entre autres de se mobiliser encore

Les destructions et l’eau à Krivyiy Rih

Les populations de Kryviy Rih, ville située à une centaine de kilomètres de la ligne de front sont soumises à des bombardements et à des destructions régulières d’équipements. Aujourd’hui les syndicats indépendants de la ville se mobilisent pour construire les moyens d’apporter de l’eau potable à la population après les nombreuses destructions d’infrastructures. Solidaires a construit des liens et participé à des délégations du Réseau syndical international de solidarité et de luttes dans cette ville, et construit des relations étroites avec ces syndicats. Elle contribue aujourd’hui avec d’autres syndicats au financement de matériel pour creuser un puits, le forage commencera au printemps.

Mais aussi, deux ans de guerre en Ukraine, ce sont des mort·es, des blessé·es, des destructions massives. L’aide militaire et le financement, en dépit des beaux discours et des annonces d’entrée dans l’Union européenne, n’ont pas été suffisants à ce jour pour faire reculer de façon significative l’invasion russe. La formidable mobilisation populaire maintient un haut niveau de résistance mais la mobilisation contrainte est de plus en plus menaçante et les syndicats demandent le retour des personnes mobilisées depuis 18 mois et de relâcher la pression pour des engagements sans cesse plus nombreux et de personnes plus jeunes. Notre solidarité est d’autant plus importante dans ce contexte.

Dans le secteur de la santé 

Sous l’effet conjugué de la réforme néo-libérale entamée avant la guerre, la situation dans les hôpitaux s’est fortement dégradée. Selon un rapport du 10 août 2023 du Centre de santé ukrainien, depuis le début de l’invasion russe à grande échelle, plus de 1 000 attaques contre des infrastructures de santé ont été enregistrées. Dans cette situation, il n’est pas rare de voir le personnel médical ne plus toucher son salaire pendant un, deux ou trois mois. Il arrive également qu’il soit brutalement licencié du jour au lendemain suite à des restructurations décidées autoritairement. De nombreuses mobilisations du personnel de santé ont eu lieu. Et le syndicat indépendant Sois comme Nina coordonne ces luttes en soulignant leur caractère particulièrement important pour les femmes de ce secteur confrontées à la guerre, à assumer l’essentiel des responsabilités familiales tout en n’étant pas considérées par le gouvernement et les institutions de santé. Sois comme Nina affirme un « contre-plan ». « Gérer et contrôler les hôpitaux est possible » considère le syndicat (https://laboursolidarity.org/fr/europe/n/2800/gerer-et--controler-les-hopitaux-est-possible). Face à la crise : « Le moyen le plus efficace est de créer des syndicats indépendants qui peuvent et pourront comprendre clairement la situation et contrôler tout de l’intérieur. En effet, qui connaît mieux la situation de son hôpital, ses capacités, son administration que les employés eux-mêmes. Ainsi, gérer et contrôler les hôpitaux est possible si nous commençons par élire le directeur par le personnel lui-même. Enfin, la chose la plus importante est une comptabilité transparente, qui montre clairement combien d’argent a été reçu et à quoi il a été dépensé ».

Le Code du travail à nouveau attaqué

Les syndicats FPU et KVPU dénoncent une nouvelle offensive contre le Code du travail, soulignant que ces attaques pourraient inciter les travailleur·euses ukrainien·nes à quitter massivement l’Ukraine pour travailler en Europe. La KVPU dénonce : L’employeur a toute latitude pour suspendre et résilier un contrat de travail pour le motif qu’il aura déterminé ; Les droits des femmes, des jeunes et des travailleurs licenciés sont considérablement limités ; Le droit des employés à la rémunération et aux vacances est limité ; Le travailleur est privé de protection et d’allocations de chômage ; Le projet ne contient pas de normes régissant les relations juridiques entre un employé et un employeur afin de garantir les droits de l’employé à l’assurance sociale obligatoire de l’État et à la retraite ; Il restreint le droit des employés à la liberté d’association et à la négociation collective ; La pratique honteuse du lock-out est légalisée et le droit constitutionnel de grève est limité ; Le projet ne contient pas de dispositions régissant les relations juridiques de l’employeur avec les syndicats et la participation des travailleurs à la gestion des entreprises, des institutions et des organisations, qui sont actuellement en vigueur ; Le droit à la sécurité sur le lieu de travail est également limité. Comme nous l’avions fait lors des précédentes réformes nous assurons les syndicats ukrainiens de notre soutien.